JAD

"Aléas, pratiques de l'adaptation" | Un panorama de démarches de création qui dialoguent avec l'imprévu

Jusqu'au 3 août 2025, les designers Baptiste Meyniel et Nicolas Verschaeve investissent la galerie du JAD et y présentent Aléas, pratiques de l'adaptation, une exposition qui explore les multiples façons dont designers et artisans d'art composent avec des contraintes qu'elles soient matérielles, techniques ou météorologiques. Dans chacun des projets exposés s'incarne une forme de lâcher-prise vertueuse, par la capacité de leurs auteurs à s'adapter à leurs environnements, aux contextes de production ou de mise en usage.

 

DIALECTIQUE DE LA MATIÈRE ET LE GESTE

 

Aléas, pratiques de l'adaptation réunit de nombreux objets dont la réalisation témoigne d'un dialogue entre la matière, le geste et la forme que leur rencontre induit. Ainsi en est-il des paniers de la série Machann Pannié de dach&zephir, des cache-pots Samos d'Enzo Mari ou encore des pièces de Rikkert Paauw, spécialement produites à partir de rebuts urbains.

 

À l'échelle de l'espace, des œuvres emblématiques telles que la maquette de la table sans fin de l'architecte-designer Olivier Vadrot et le lit multifonctionnel Abitacolo de Bruno Munari témoignent de la capacité des créateurs à situer leur travail à la croisée de la pensée, du faire et de l'expérience. En prise avec les lois naturelles, le duo Valentine Tiraboschi et Sacha Parent s'adonne à un Décor par le sable : un ensemble d'objets et d'éléments d'architecture dont les formes sont générées par la force de gravité.

 

Pour d'autres créateurs tels que Lucie Ponard, c'est une réflexion sur les origines des ressources qui orientent les singularités techniques et esthétiques de productions situées. La designer, récemment installée au JAD, interroge ainsi la réciprocité entre lieux et matières, à l'image de ses Guéridons réalisés à partir de terre des chantiers du Grand Paris, qui révèlent les couleurs et textures spécifiques à certains gisements et paysages.

Gauche :
La table sans fin - Olivier Vadrot

Aléas, pratiques de l'adaptation © Nicolas Verschaeve

Droite : 
Abitacolo - Bruno Munari

Aléas, pratiques de l'adaptation © Maxime Meignen

Gauche :
Projet "Décor par le sable" - Sacha Parent & Valentine Tiraboschi

Aléas, pratiques de l'adaptation © Baptiste Meyniel

Droite : 
Macchan Pannié - dach&zephir

Aléas, pratiques de l'adaptation © Baptiste Meyniel

 

UNE SCÉNOGRAPHIE LOCALE ET DURABLE

 

La scénographie de cette exposition puise ses ressources au plus proche, dans les Manufactures nationales - Sèvres & Mobilier National, voisines du JAD. Dans un esprit de frugalité, du kaolin déclassé est récupéré et transporté d'un numéro à l'autre de la rue pour être réutilisé sous forme de tumulus, accueillant les surfaces planes sur lesquelles reposent les œuvres.

Autant d'illustrations de l'attention portée à la matière, aux outils, aux usages et aux lois du vivant, qui révèlent une attitude commune pour guider et conduire les projets : une agilité à imaginer des modus operandi pour faire de l'aléa une richesse, pour dialoguer avec le monde qui nous entoure et s'y adapter. Aléas, pratiques de l'adaptation invite le visiteur à une déambulation sensible et ludique, offrant une nouvelle lecture du design et des métiers d'art à travers le prisme de l'ingéniosité et de l'adaptabilité.

Aléas, pratiques de l'adaptation © Maxime Meignen

Aléas, pratiques de l'adaptation © Maxime Meignen